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Pour un débat démocratique à l'université Paris 13
9 janvier 2012

(de Ph. Barbet) Lettre ouverte aux candidat(e)s à l’élection à la présidence de l’université Paris 13

Lettre ouverte aux candidat(e)s à l’élection à la présidence de l’université Paris 13

 

Au cours de ce mandat, les élus de la liste Perspectives 2012 aux différents Conseils ont défendu les valeurs que portait l'équipe qui s'était présentée aux élections de 2008. Celles-ci reposaient sur la défense de l’excellence scientifique, la promotion d’un enseignement de qualité répondant aux besoins des étudiants issus de notre bassin de recrutement et le respect strict de la démocratie à l’université dans le contexte de la mise en place de la LRU.

Malgré notre désaccord initial sur la configuration du PRES que nous souhaitions plus «territorialisée», mieux ancrée dans le département de Seine-Saint-Denis, nous avons soutenu l’équipe présidentielle sortante sur ses grandes orientations et en particulier nous avons appuyé l’insertion de notre université dans le PRES Sorbonne Paris Cité et le Campus Condorcet, ceci afin de bénéficier pleinement des nouvelles dynamiques structurant le paysage universitaire francilien. La participation notable de notre université aux divers programmes d’excellence et, nous le souhaitons, l’obtention de l’IDEX, sont à mettre au crédit de la présidence sortante. L’amélioration de l’aspect et des conditions de vie des différents campus de l'UP 13 a été remarquée et appréciée même s'il reste encore d'importants travaux de rénovation voire d'agrandissement à entreprendre dans les locaux de certaines composantes quelque peu "laissés pour compte" dans les programmes immobiliers (il en est ainsi du désamiantage de certains locaux qui reste à entreprendre).

 

Au delà de ce constat globalement positif et de la nécessaire consolidation de nos acquis, il nous semble important que soit engagé, lors de la prochaine présidence, un certain nombre d’inflexions.

La première et la plus essentielle est un rééquilibrage de notre effort vers les formations et les étudiants. La dynamique engagée, notamment au sein du PRES, et la nécessité de nous afficher comme un pôle important en matière de recherche ne doit pas être remise en question. Toutefois, il nous semble qu’une partie notable des marges de manœuvres qui pourraient être dégagées dans le futur devrait porter sur l’amélioration des conditions d'accueil, d’étude et d'insertion des étudiants. Nombre d'entre eux, issus de notre bassin de recrutement, sont défavorisés financièrement et culturellement. Notre participation à un PRES prestigieux de Paris intra-muros ne doit pas s’accompagner d’un renoncement à nos missions d’aide à l’ascension sociale pour les jeunes d’un territoire qui risque d’être durement secoué par la crise. Nous devons tenir compte de cette spécificité pour nous engager résolument dans un enseignement de haut niveau en mobilisant toutes les innovations pédagogiques, qu’elles soient méthodologiques (soutien à l’expression écrite, à l’apprentissage des langues, à la culture générale) ou technologiques comme le e-learning. Nous devons aussi poursuivre l’effort de professionnalisation de certaines de nos filières, avec le développement des formations en apprentissage et de stages, et prendre en compte le besoin de travailler de nos étudiants en proposant certains de nos cursus en cours du soir et à distance. Nous devons amener ces étudiants à inclure une mobilité internationale dans leurs parcours de formation en multipliant les opportunités de séjours et de stages à l’étranger.

Nous avons la chance à Paris 13 de disposer d’un service de formation tout au long de la vie en synergie avec l'ensemble des composantes qui, en matière d’ingénierie pédagogique, a fait la preuve de ses compétences et de son dynamisme (cf. la formation retenue dans le cadre de l’appel d’offre du PRES). Il faut donc le mobiliser pour lutter contre l’échec en licence et compenser par « l’intelligence » pédagogique le manque de maturité scolaire de nos étudiants. Cet engagement pédagogique pourrait aussi devenir le fer de lance de l’image de marque de Paris 13 qui aurait tout à gagner à investir un terrain sur lequel peu d’universités ont parié. Non seulement nous pouvons faire d’une pédagogie innovante l’un des moteurs puissants de notre développement, mais Paris 13 pourrait aussi se constituer comme un laboratoire de pointe en testant de nouvelles méthodes d’apprentissage, en menant une réflexion critique sur notre système de notation, sur nos rythmes universitaires, sur notre approche des étudiants. Nous disposons pour cela d’excellents laboratoires de recherche en sciences sociales et humaines qui pourraient contribuer à la valorisation de cette dimension essentielle de nos activités.

Miser sur la formation tout au long de la vie, c'est aussi s'intéresser à l'ensemble des publics qui s'inscrivent à l'université, public en reprise d'étude de plus en plus présent dans nos amphis et auquel il faut proposer des dispositifs pédagogiques variés qui permettent à Paris 13 de répondre à ses besoins de formation tout au long de la vie, et de devenir ainsi un acteur majeur de la sécurisation des parcours professionnels.

La seconde est une redéfinition des modalités de gouvernance de l’université. Notre liste s’était déclarée favorable à une plus grande autonomie des universités et à la mise en place d’une gouvernance plus resserrée et plus opérationnelle. Nous avons constaté que cette forme de gouvernance comporte des avantages mais aussi des inconvénients qu’il convient de corriger. Les modalités d’élection du Conseil d’Administration soit conduisent à donner une majorité très forte à l’équipe présidentielle soit engendrent des difficultés majeures de gouvernance faute de majorité. La présidence actuelle a bénéficié du premier cas de figure et a pu conduire sa politique sans opposition réelle. Même s'il faut noter une nette amélioration dans la gestion des conseils autrefois pléthoriques et donc ingérables, l’absence de contre - pouvoirs et de relais affichés, a conduit à une coupure importante entre l’équipe de direction et l’ensemble de l’université. Il convient de corriger cette tendance à la centralisation des décisions par la mise en place, auprès du Conseil d’Administration, de commissions permettant d’assurer une meilleure communication avec les multiples composantes de notre université sur les sujets importants (moyens et finances, gestion des ressources humaines, service juridique etc.). Il ne s’agit pas de dénier au CA son rôle décisionnel central mais de mieux faire circuler l’information au sein de l’université sur des questions essentielles et d’associer les acteurs de terrain aux démarches d’élaboration des choix et des processus. Cette redéfinition des prérogatives passe par une réflexion sur les fonctions post-LRU d’un directeur de composante qui a vu ses pouvoirs significativement amputés (signature des conventions, recrutements des contractuels, budget propre,...) mais aussi par une révision des fonctions des conseils de composantes qui apparaissent aujourd’hui comme des chambres d’enregistrement dénuées de tout pouvoir décisionnel. Nous militons, après cette phase de centralisation rendue nécessaire par la mise en place des RCE et la gestion prévisionnelle des emplois, pour une meilleure redistribution de ces prérogatives et pour un renforcement de la responsabilisation des composantes notamment dans l'utilisation et la gestion de leurs ressources propres.

La composition des conseils centraux de l’université, l’élection par le conseil d’administration d’un nouveau, ou d’une nouvelle président(e), et la mise en place par celui-ci (ou celle-ci) d’une équipe qui conduira la politique de notre université est une séquence particulièrement importante pour notre collectivité. Il s’agit d’un moment privilégié pour, au-delà de la légitime compétition qui s’ouvre entre des canditat(e)s à de lourdes responsabilités, engager une réflexion approfondie sur nos forces et nos faiblesses et souligner en particulier des déséquilibres qui nous paraissent porteurs de risques.

Les signataires de ce texte, par la diversité de leurs statuts (enseignants-chercheurs, enseignants, administratifs), par leurs implications fortes et durables dans la vie de l’université, s’inscriront de manière active dans les débats à venir.

 

Premiers signataires

 

Philippe Barbet, professeur d’économie, directeur de l’UFR de Sciences Economiques et de Gestion

Alain Gonzalez, IGR Directeur du CEDIP

Didier Guével, professeur de droit privé et sciences criminelles , UFR de Droit, Sciences Politiques et Sociales

Yann Hernot, responsable des Relations Internationales du Campus de Bobigny

Marie-José Michel, Professeur d'histoire moderne, UFR LSHS

Daniel Verba, directeur de l’IUT de Bobigny

 

 

 

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